Chaque œuvre d'art commence par une idée, une émotion, une histoire.
L'inspiration est le point de départ de tout processus créatif. Elle peut surgir de diverses sources : une observation du monde extérieur, une émotion ressentie, un souvenir, une rencontre, une œuvre d'art admirée... Je puise mon inspiration dans tout ce qui m'entoure, principalement la nature et me nourrit intérieurement. Ce que dit ma peinture n’est pas systématiquement la nature mais l’émotion de sa contemplation.
Peindre m’a appris à regarder. Je peux extraire un détail, une ligne, une simplification de forme. La peinture change mon regard et mon regard change le réel qui m’entoure. Parfois la lumière et les couleurs m’accaparent, m’obsèdent, m’envahissent. Parfois il y a un sentiment d’urgence et d’excitation à partir à l’atelier m’empêchant de trouver le sommeil.
Le point de départ de certaines toiles peuvent être simplement l'envie de me plonger dans un univers coloré précis, comme un bain dans la couleur que réclame mon corps et dans ce cas, le travail est plus spontané, dans un lâcher prise et une démarche ludique. L’imagination rentre alors en jeu, et mes rêves s’incarnent sur la toile. Je fais très rarement de croquis préparatoires, je travaille directement sur la toile de façon spontanée.
Je travaille aussi bien avec des petits pinceaux, grandes brosses pour les grands formats qu’avec les couteaux, voir des objets récupérés dans le quotidien qui me servent pour donner un aspect particulier à un tracé, un aplat. L’utilisation du couteau a un aspect plus hasardeux, plus brut que j’aime. Avec un pinceau, on fait exactement ce que l’on veut, pas avec un couteau. Il y a de l’aléatoire comme en peignant de façon fluide avec un médium. Et j’aime et utilise les accidents…
Je privilégie la peinture à l’huile pour sa sensualité, ses odeurs, sa texture qui donne un glissement particulier au pinceau sur la toile. J’aime composer moi-même mes teintes et achève mes toiles par une succession de glacis pour donner à voir, comme derrière un miroir, la profondeur de la transparence. J’utilise la fluidité de la matière pour suggérer plus que pour dire. Parfois cela consiste à brouiller, créer un flou avec la matière pour en ôter les limites et libérer l’imagination de chacun.
La peinture à l’huile m’a appris la patience, le temps nécessaire au séchage entre chaque couche, temps nécessaire pour laisser maturer les premières ébauches, prendre du recul et observer sa toile avec un regard critique. Cette phase est essentielle pour identifier les éléments qui fonctionnent bien et ceux qui nécessitent un ajustement. J’ai ainsi souvent plusieurs toiles commencées qui attendent leur heure. Le temps est un élément positif, nécessaire pour l’aboutissement de la toile.
Et puis il y a l’instant crucial où il faut s’arrêter, ou l’on sait que chaque touche supplémentaire retirera quelque chose à la toile plutôt que de l’améliorer (il faut parfois très peu pour tuer le potentiel d’une toile). C’est un ressenti intérieur, en dialogue avec ma toile, où je ne peux plus rien lui apporter et elle-même ne m’apportera rien de plus.
Vient alors le moment de la montrer à mon entourage, à des amis artistes peintres auprès desquels je leur soumets mon travail pour avoir leur retour. C’est toujours très enrichissant la perception de chacun.

Comments